LA MULTIPLICATION DES PAINS
Os 12, 3 et 13, 3-7 ; Mc 6, 30-44
(1er janvier 1988???)
Homélie du Frère Jean-Philippe REVEL
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es circonstances de la multiplication des pains et le contexte que lui donne saint Marc sont tout à fait expressifs de la vie apostolique, de la mission donnée aux disciples, aux apôtres, et à travers eux à tous les ministres de l'Église et dans une certaine mesure aussi à chaque chrétien.
D'une part il y a cette douceur de Jésus, cette bienveillance à la fois pour ses ministres qui sont submergés par le nombre incalculable de ceux qui viennent leur demander quelque chose, et pour la foule affamée, cette foule qui a besoin de cette nourriture du cœur, cette nourriture de l'esprit qu'est la prédication de Jésus. Il entraîne ses disciples à l'écart pour se reposer un peu et Il les invite à avoir à 1'égard de cette foule des hommes qui "va errant, sans berger", sans savoir quel est le sens de sa vie, à avoir grande compassion et à prendre sur soi-même, "à temps et à contre-temps" et sans limite pour leur apporter quelque chose du mystère de Dieu.
En même temps Jésus sait aussi reconnaître que ces gens ont besoin de manger, ont aussi des besoins normaux. Et quand ses disciples lui font remarquer qu'il n'y a rien dans le désert et qu'il vaudrait mieux renvoyer la foule, Jésus répond : "Donnez-leur vous-mêmes à manger !" Il les invite donc à être attentifs aux besoins de cette foule, à ses besoins matériels comme à ses besoins spirituels, mais en même temps Il leur montre que c'est Lui le Christ, Lui le Seigneur Dieu qui donne la nourriture du corps comme celle du cœur et de l'esprit. Il les invite donc à être attentifs aux besoins de leurs frères et en même temps à savoir que ce n'est pas par des moyens humains, ce n'est pas par leur propre initiative, qu'ils pourront répondre à cette attente. C'est en recourant à sa grâce, à son action à Lui, son action divine, qu'ils pourront répondre aux besoins des hommes.
Ainsi ce n'est pas seulement par nos propres forces que nous pouvons aider nos frères. Certes, il faut que nous soyons attentifs à leurs besoins, il faut que nous sachions discerner ces besoins, il faut que notre cœur soit ouvert à leur appel, il faut que nous entendions leur cri, il faut que nous sachions prêter l'oreille, mais ensuite, il faut savoir se plonger dans le mystère de Dieu car c'est seulement au niveau de la grâce divine que nous pourrons répondre aux besoins des hommes. Seule, l'industrie humaine ne pourra pas répondre à l'appel de ces foules qui sont angoissées et qui, autant que du pain de leur corps, ont besoin de la Parole de Dieu. Il faut que nous sachions trouver dans la prière, dans l'intensité de notre contact avec Dieu, un surcroît de miséricorde, un surcroît d'attention à nos frères, une capacité de les entendre, de les aimer et de leur répondre. Il faut que ce soit le Christ qui ouvre notre cœur, ouvre nos mains, notre intelligence pour que nous devenons capables de répondre aux besoins de nos frères. C'est seulement si nous recourons à Notre Seigneur, à notre Dieu, que nous pourrons être effectivement efficaces et utiles à tous les plans aux frères qui nous entourent et qui nous appellent sans cesse à leur secours.
Sachons, dans la grâce de Dieu, dans la grâce de notre baptême, sachons puiser les forces de venir en aide à nos frères, de savoir entendre leurs appels, de les discerner et de savoir répondre au-delà de ce qui humainement serait possible, car cet appel dépasse souvent les forces humaines, et seul Dieu peut y répondre à travers nous, à travers notre dévouement qui ne doit pas connaître de limites.
AMEN